La thérapie narrative
Adobe Stock
On nous demande de vous aider à résoudre les problèmes que nous avons créés. Nous ne connaissons rien à votre culture, à vos traditions. Tout ce que nous pouvons faire pour vous aider est de vous demander de nous expliquer comment vous pensez le monde.
(Michael White)
Comment est née la thérapie narrative ?
La thérapie narrative est née en Australie. Elle a été développée par Michael White, thérapeute familial australien et David Epston, thérapeute familial néo-zélandais.
On attribue néanmoins à Michael White la création de la Narrative. Il était travailleur social en Australie auprès des tribus aborigènes qu'il allait rencontrer en pilotant son avion dans les villes de l'Outback. Confronté à des situations de détresse extrême, à de profonds traumatismes, à des populations subissant le chômage, la précarité et la violence et trouvant dans l'alcoolisme, la drogue et la délinquance une tentative de solution à leur souffrance, White s'est retrouvé démuni, les techniques de thérapie familiale n'étant pas suffisantes pour les aider.
Les trois postulats principaux de la thérapie narrative
Accompagner les minorités silencieuses
Accompagner les gens qui souffrent
Restaurer les identités abîmées et la dignité
Peuplée de 400 000 aborigènes en 1788, l'Australie n'en comptait plus que 31 000 en 1911. Les communautés ayant survécu ont été parquées dans des réserves, des centaines de milliers d'enfants ont été arrachés à leurs familles pour être placés chez les colons afin de les "assimiler". On leur a volé des terres qu'ils parcouraient depuis plus de 40 000 ans. Minorité silencieuse, les aborigènes ont perdu leurs racines et leur identité. C'est pour les accompagner, accompagner leur souffrance, restaurer leur identité cabossée et leur dignité, que Michael White a créé la thérapie narrative.
Comment fonctionne la thérapie narrative ?
Pour la thérapie narrative, tout ce qui n'est pas raconté n'existe pas.
Et pour Paul Ricoeur, toute l'histoire de la souffrance crie vengeance et appelle le récit
La Narrative porte l'idée que nous portons chacun des histoires qui influencent les étapes de notre vie. Nous pouvons nous reconstruire par le récit et redevenir auteur.es de nos vies. Dans l'histoire de la souffrance se blottit, profondément en nous, une autre histoire.
Nous ne pouvons répondre à la question de qui nous sommes et pour quoi vivre que par le récit. C'est le fondement même de la Narrative. Nos vies sont façonnées par les histoires, des histoires que nous pouvons redécouvrir et raconter pour qu'elles nous rendent plus forts. Elles nous aident à amorcer des changements dans notre vie et à protéger ce qui est important à nos yeux. La force de la Narrative, c'est de transformer un problème en projet.
Le postulat de la Narrative repose sur l'idée que le problème est le problème, que la personne est la personne et que la personne n'est pas le problème. C'est ce que nous nommons l'externalisation. Le problème est extérieur à nous, nous avons une relation avec l'histoire du problème mais nous ne sommes pas le problème. Ce qui permet de le considérer comme une créature narrative que nous pouvons poser sur une table, un bureau ou une chaise.
Aujourd'hui, la thérapie narrative est appliquée au traitement des traumatismes, des désordres alimentaires, de la schizophrénie, des dépendances, du deuil ou des violences conjugales.
Pour aller plus loin :
Fédération francophone des pratiques narratives (ffpnarratives.com)
Le Dulwich Centre, situé à Adélaïde, en Australie, est le centre international de la thérapie narrative. Il centralise le travail communautaire, la formation, la publication, le soutien aux praticiens dans différentes parties du monde, l'organisation de conférences internationales ainsi que des articles et des revues provenant du monde entier.
Le Dulwich Centre est un centre d'innovation et de créativité, à l'initiative de nombreux projets communautaires et socio-économiques visant à aider les communautés en situation de pauvreté.